Parce que je parle de la dyslexie dans le cadre de l’allaitement et des troubles de la succion, certains diront encore que « j’hallucine ». Et pourtant, je voudrais vous parler de ce petit garçon dont je partage un bout d’histoire plus loin.
Selon la fédération française des DYS, 6 à 8% des élèves d’une même classe âge seraient atteints de dyslexie, de dyspraxie et de dysphasie. D’autres sources montent jusqu’à 15%. Cela représenterait pas moins de 7 millions de personnes en France.
Qu’est ce que la dyslexie ?
Il s’agit d’une altération spécifique et significative de la lecture (dyslexie) et/ou de la production d’écrit et de l’orthographe (dysorthographie).
Ces troubles apparaissent dès les premiers moments de l’apprentissage sous la forme d’une difficulté à maîtriser le stade dit alphabétique de l’apprentissage de la lecture.
Au stade suivant, le trouble se manifeste par une incapacité à mémoriser la forme visuelle des mots et à les reconnaître globalement (stade orthographique). Ceci entraîne une lecture généralement hésitante, ralentie, émaillée d’erreurs qui a pourtant exigé beaucoup d’efforts. Définition de la Fédération Française des DYS
Ces difficultés d’intensité variable peuvent entrainer une réelle perte de confiance en soi chez l’enfant concerné.
Un petit cas clinique pour illustrer mon propos
Ce cas clinique concerne un petit garçon né naturellement, à terme, à la maternité. Il a tout de suite attrapé le sein de sa maman des deux côtés. Pourtant, le démarrage de l’allaitement a été fastidieux pour la mère (crevasses, saignements et douleurs).
Les premiers mois
Le bébé prend du poids et le pédiatre est ravi. Cependant, la maman l’est un peu moins car elle a mal et doit panser ses mamelons après chaque tétée pendant un mois au moins. Finalement, après plusieurs semaines, les crevasses disparaissent. L’allaitement continue et se passe bien. C’est un bébé très calme.
A 4 mois, la maman consulte car elle pense avoir une baisse de lactation. Mais comme le bébé prend raisonnablement du poids, les professionnels de santé sont rassurants même s’il a perdu une courbe de percentile sur les courbes de poids.
A 7-8 mois, c’est la dégringolade : il y a une cassure dans la prise de poids. La maman recherche un autre avis et le diagnostic tombe. Il y a une restriction linguale avec un palais haut et étroit ainsi qu’une baisse de lactation significative. Déjà très fière d’avoir allaité exclusivement pendant 6 mois, la mère arrête là, passe au lait en poudre et à la diversification alimentaire sans trop se soucier du reste.
Prise en charge du frein lingual à 3 ans
Ce petit garçon grandit. Il suce son pouce et respire la bouche ouverte. Il est très actif et bouge dans tous les sens. Il porte des lunettes pour traiter son hypermétropie. A 3 ans, la maman revient donc sur la prise en charge de ce frein lingual restrictif réalisant qu’il a des conséquences sur la respiration de son enfant et qu’il a besoin sans cesse de sucer son pouce.
La thérapie myofonctionnelle (rééducation de la respiration nasale et des dysfonctionnements oro-myo-faciaux), le traitement (frénectomie) de son frein restrictif et quelques séances en réflexes archaïques le transforment déjà.
Sa maîtresse d’école voit tout de suite la différence. Son écriture s’est grandement améliorée. Il a pu écrire « I love you Miss Sheriff » lisiblement en fin d’année. Sa professeure n’en revient pas. La dysgraphie a donc disparu toute seule. Il est aussi beaucoup plus posé. Il ne saute plus dans tous les sens en attendant son tour pendant son cours de tennis. Ses grands-parents, qu’il voit 2 à 3 x par an, notent également les changements dans son comportement. Ils le trouvent épanoui.
Signes de dyslexie, dysorthographie
A 7 ans, il garde des difficultés à la lecture et pour écrire ce qu’il entend (dyslexie, dysorthographie). A l’école, son professeur dit aux parents que tout est normal, que c’est juste une question de temps et de maturation. Sa famille francophone vit aux Etats-Unis, il pense donc également que le bilinguisme peut être en cause. Mais après tout, en fin de première primaire, il lit l’anglais et le français avec de l’aide.
Pourtant la lecture reste vraiment fatigante pour lui. Son apprentissage lui a demandé un travail titanesque. Le temps et l’énergie consacrés à ces apprentissages en famille et à l’école ne sont pas proportionnels au niveau que l’on pourrait en attendre. Ce n’est pas normal. De plus, il y a une nette différence de niveau avec sa grande sœur même si un enfant n’est pas l’autre. Une chose est sûre : c’est sa persévérance et son travail qui le font avancer malgré tout. Il est motivé par l’envie de pouvoir lire seul, sans aide, un livre ou une BD. Son rêve : pouvoir lire un Spirou tout seul.
Une prise en charge précoce qui a évité une dyslexie sévère
Le sentiment des parents est que malgré toutes ces belles prises en charge, il reste des symptômes légers de dyslexie. Mais ils ont évité une dyslexie sévère et, avec de l’aide et beaucoup d’effort, leur enfant peut lire en français et en anglais. Il y a bien un retard de type dyslexique, pourtant la logopède confirme que grâce à tout ce qui a déjà été entrepris, il a déjà beaucoup progressé et de plus grandes difficultés ont été évitées. Affaire à suivre donc. Le suivi continue avec l’aide de l’école et de sa fantastique logopède (orthophoniste).
La langue et la posture
Pour être juste, si je devais évoquer 4 notions sur la dyslexie,je citerai : les yeux, la langue, la posture et l’interception. Dans cet article, je n’aborderai pas la vue (peut-être l’occasion d’un prochain article). Mais revenons à la langue et la posture.
Je ne vous apprends rien en vous disant que la langue joue un rôle fondamental dans plusieurs fonctions corporelles : la déglutition, la respiration, la parole et la mastication. Mais son action va bien au-delà de la cavité buccale. En effet, elle affecte aussi la force musculaire et la posture des membres inférieurs. La langue influence toute la systémie des organes du corps et des chaînes musculaires.
Les origines anatomiques de la langue
La langue est un organe complexe par ses différentes origines embryologiques. En effet, les origines embryonnaires de la langue sont hybrides. Ses tissus conjonctifs et son système vasculaire viennent du mésenchyme originaire de la crête neurale crânienne. Quant aux cellules musculaires, elles proviennent du mésoderme somite. Les somites du mésoderme sont des structures embryonnaires situées de part et d’autre du tube neural qui constitueront le futur système nerveux. Tandis que les muscles de la mastication sont dérivés des somitomères non segmentés.
La langue reliée de l’os hyoïde (cou) au reste du corps
Dès son développement embryologique, la langue a des relations étroites avec le reste du corps. Il existe, en effet, une étroite association embryologique et fonctionnelle entre la langue, l’aire occipitale et l’os hyoïde via le 2ème arc branchial.
Les connections anatomiques de la langue
Anatomiquement, la langue entretient des relations avec l’os hyoïde, avec les muscles génio-hyoïdien et hyo-glosse et avec le crâne via le stylo-glosse. La membrane hyo-glossale et le septum lingual relient la langue aux muscles hyoïdiens. Or l’action supra-hyoïdienne (dont fait partie le génio-hyoïdien) aide à maintenir la posture, l’équilibre de la tête et interagit dans les mouvements de la mâchoire et de la langue lors de la première phase de la déglutition et de la phonation.
La mastication implique un mouvement antéro-postérieur de la langue et de l’os hyoïde dans le plan horizontal.
Tous les muscles de la langue (intrinsèques et extrinsèques) travaillent toujours en synergie et non séparément. Le tonus de ces muscles doit être bien équilibré ; sinon, des dysfonctionnements peuvent survenir, entrainant une altération de la position de l’os hyoïde et de la fonctionnalité de la langue.
La région supra-hyoïdienne s’étend de la base du crane à l’os hyoïde et comprend les espaces pharyngé, para-pharyngé, parotidien, carotidien, masticateur, retro-pharyngé et péri-vertébral ainsi que la cavité buccale. La langue fait partie des structures anatomiques qui recouvrent la région occipito-cervicale, la région antérieure du cou et les muscles de la mastication, l’articulation temporo-mandibulaire, ainsi que les trois couches du fascias cervical (superficiel, moyen et profond).
Un organe qui influence l’ensemble du corps
La langue est reliée à tous les muscles du cou et du défilé thoracique qui sont eux-mêmes reliés au reste du corps. Donc, elle influence tout le corps :
- les membres inférieurs,
- les ATM,
- le cou,
- le diaphragme respiratoire,
- le plancher pelvien…
Sa sensibilité tactile est plus importante que celle du doigt et c’est grâce à cela qu’elle contrôle la posture. En effet, elle est représentée par les grandes aires corticales primaires motrices et sensorielles. Ainsi, la position de la langue interagit avec la posture du corps dans le cadre d’un dysfonctionnement postural. Et on le sait, elle affecte l’occlusion dentaire. Au cours de la croissance de l’enfant, voir même du développement embryonnaire et fœtal, la langue pourrait provoquer des modifications posturales, altérant les tensions systémiques par des connexions faciales ou trigéminales.
La partie antérieure de la langue est considérée comme importante pour les activités non respiratoires et la partie postérieure pour la respiration.
La langue, le système vagal et l’intéroception
Rappelez-vous des origines embryologiques communes entre la langue et le système nerveux. Et si je vous dis que la langue fait le lien entre le corps conscient et inconscient… Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Le seul muscle de la langue innervé par le nerf vague est la palatoglosse. Il tire vers le haut la partie postérieure de la langue. Le toit de la bouche est innervé par les nerfs crâniens apaisants. Les mouvements élevant l’arrière de la langue (mouvement de déglutitions profondes) aident à réguler le tonus vagal. Une bonne posture de langue contre le palais active ces nerfs « calmants » ainsi que les muscles de la gorge et du cou pour maintenir les voies respiratoires ouvertes.
Influence de la langue sur le système vagal
La langue influence donc le système vagal. Lorsqu’elle est placée contre le palais mou, elle permet au système sympathique de réduire son activité pour engendrer la détente et la relaxation. Ses mouvements postéro-latéraux activent le cortex cingulaire antérieur qui joue un rôle important dans l’information sensorielle, motrice, cognitive et émotionnelle. Enfin, les mouvements de la langue ont aussi un lien avec l’amygdale notamment dans l’apprentissage du goût, la régulation de l’humeur et des émotions. Des stimulations électriques de la langue peuvent améliorer l’équilibre, la démarche et la posture chez des sujets présentant des troubles posturaux.
L’intéroception, qu’est-ce que c’est ?
L’intéroception est intimement liée au système vagal car elle permet la transmission au cerveau des informations concernant les ressentis inconscients de l’intérieur. C’est donc une espèce de 6ème sens.
Ces sensations inconscientes de l’intérieur du corps viennent de tous nos systèmes : digestif, respiratoire, plancher pelvien… Pour que ces sensations intérieures fonctionnent bien il faut que les récepteurs proprioceptifs de l’intérieur, venant du système vagal, soient en bonne santé.
L’intéroception va dépendre des conditions de tous les tissus et des tensions autour d’eux (dont en grande partie du système digestif innervé par le nerf vague). C’est un système afférent car il transmet les informations venant de l’intérieur des organes au cerveau. Il donne des informations sur les douleurs, démangeaisons, le touché, les tensions des fascias, sur les muscles, sur nos viscères (distension abdominale par exemple), l’activité vasomotrice, la soif, la faim…
Attention donc aux toxiques, aux tensions (prenez soin de vos fascias et de vos chaînes musculaires), à l’inflammation des tissus et organes ainsi qu’à la position de la langue dans la bouche. En effet, les dysfonctions et restrictions oro-maxillo-faciales) influencent notre système nerveux.
Mais quel rapport entre la dyslexie, la langue et la posture ?
Nous sommes nombreux a avoir noté, dans notre pratique, que les enfants dyslexiques ont souvent des dysfonctions et des restrictions oro-myo-faciales (notamment des restrictions linguales). Jusqu’à présent, je n’avais pas osé écrire à ce propos. C’était juste une observation faîte avec d’autres praticiens. Cependant, je suis tombée récemment sur 2 articles relatifs à la posture et à la dyslexie. Ensuite, j’en ai parlé avec un podo-posturologue, professeur averti des dysfonctions oro-maxillo-faciales. Or ce dernier confirme avoir fait la même observation que nous. Il est aussi persuadé de l’impact des restrictions linguales sur les enfants dyslexiques.
Ce n’est plus un scoop, plusieurs études cliniques le prouvent. Nous savons que les restrictions et les dysfonctions oro-maxillo-faciales influencent et impactent la posture. Et il semblerait aussi que les enfants dyslexiques ont souvent un syndrome de déficience posturale… Ou plutôt, que la dyslexie serait un symptôme du syndrome de déficience posturale.
Syndrome de déficience posturale
Il y a 30 ans, le Professeur Alves Da Silva, un ophtalmologiste et le professeur Martin Da Cunha, un médecin en rééducation fonctionnelle, montraient pour la première fois que ce syndrome de déficience posturale donne, chez l’adulte, des troubles musculaires, de la maladresse, des troubles de l’orientation, de la concentration et de la fatigue chronique.
Selon eux, ce syndrome est très fréquemment lié à un mauvais fonctionnement des récepteurs proprioceptifs présents dans nos muscles, nos articulations, nos fascias et nos nerfs crâniens (dont le nerf vagal et les nerfs oculaires). Les muscles oculomoteurs, le palais, le nerf vague (et donc l’appareil digestif) et les fascias sont également particulièrement riches en récepteurs proprioceptifs.
De plus, ils ont constaté que ce syndrome existe aussi chez les enfants et qu’ils sont très souvent dyslexiques. Enfin, ils ont démontré que le traitement du syndrome de déficience posturale améliore grandement la dyslexie chez ces enfants.
L’équilibre de l’individu dépend donc de sa sensibilité interne (la proprioception considérée par les neurophysiologistes comme notre 6ème sens), de son équilibre visuel et de son oreille interne.
Réflexes archaïques, déficience posturale et dyslexie
L’intégration des réflexes archaïques est la possibilité de faire fonctionner les sphères supérieures (cortex) au maximum de leur potentiel. Leur intégration est le fondement des futurs apprentissages. Si le réflexe reste actif, il peut empêcher la cognition de fonctionner pleinement car une partie de son énergie est utilisée pour réguler le tronc cérébral et les parties primitives du cerveau.
Le trouble de déficience posturale met donc en lumière les difficultés à faire certains mouvements physiologiques. Or ceux-ci sont importants pour le développement psychomoteur de l’enfant et l’intégration de certains réflexes archaïques. Le positionnement et les mouvements linguaux sont primordiaux pour la posture, les mouvements moteurs, l’équilibre, la régulation vagale, etc. Or en cas de restriction (notamment frein lingual) ou de dysfontion oro-maxillo-faciale, toute une série de tensions apparaissent dans le corps par l’intermédiaire des chaînes musculaires et des fascias. En effet, nous en avons parlé précédemment, les muscles de la langue ont des attaches sur le crâne et sur l’os hyoïde.
Toutes les pièces du puzzle sont donc impactées. Tout ceci met en lumière un retard neuro-développemental* avec pour 95% des enfants diagnostiqués dyslexiques un manque d’intégration des réflexes archaïques. Le plus souvent, on retrouve tous ces réflexes archaïques en lien avec la posture et avec le système neurovégétatif.
En cas de dyslexie, les difficultés d’intégration du réflexe de Moro, du réflexe tonique asymétrique du cou, du réflexe de redressement de la tête sont communes. Je ne suis plus étonnée de retrouver ces mêmes réflexes non intégrés en cas de restrictions et dysfonctions oro-maxillo-faciales.
Conclusion : rien ne vaut une bonne tétée mais sans dysfonction s’il vous plait !
On comprend de mieux en mieux le rôle tellement important de l’allaitement non écourté, avec une succion et une déglutition fonctionnelles (sans dysfonction et restriction) dans l’intégration des réflexes archaïques, de la respiration nasale et dans la régulation du système vagal. Je suis certaine que l’allaitement pourrait avoir un rôle essentiel à jouer dans la diminution de la prévalence de la dyslexie. A condition que la succion soit bonne et le développement cranio-maxillo-facial physiologique…
J’ai malheureusement vu plusieurs enfants allaités plusieurs années malgré des restrictions linguales et des dysfonctions importantes. Pour eux, l’allaitement n’a joué qu’un rôle suboptimal dans le développement cranio-maxillo-faciale, la régulation vagale, la mise en place de la respiration nasale… Encore une fois, la capacité à être allaité ne devrait pas empêcher la détection de problèmes liés à la fonction de la langue.
Car cette langue est un réel carrefour d’informations efférentes et afférentes. Son bon fonctionnement a un effet positif sur tous les systèmes du corps dont le système postural, vagal, proprioceptif et intéroceptif dès la naissance du bébé. Elle joue également un rôle fondamental sur la santé général et la prévention de certaines maladies (la bronchiolite notamment).
Sources
Fédération Française des Dys (FFDYS) : https://www.ffdys.com/troubles-dys/dyslexie-et-dysorthographie
Association Dys-Positif : dys-positif.fr
Institut des troubles d’apprentissage : https://www.institutta.com/
posturologie-posturopédie.be : Dyslexie et syndrome de déficience posturale, Dyslexie : si c’était un problème d’équilibre ?
Bordoni, Bruno, et al. “The anatomical relationships of the tongue with the body system.” Cureus 10.12 (2018).
*Myriam Perrozet, La dyslexie – comprendre les enjeux du système nerveux et des réflexes archaiques, Le cerveau de l’enfant, Juillet 2021.
Saccomanno, S., et al. “Does a short lingual frenulum affect body posture? Assessment of posture in the sagittal plane before and after laser frenulotomy: A pilot study.” J. Biol. Regul. Homeost. Agents 25 (2021): 30.
Brożek-Mądry, Eliza, et al. “Short lingual frenulum and head-forward posture in children with the risk of obstructive sleep apnea.” International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology 144 (2021): 110699.
Olivi, G., et al. “Lingual frenectomy: functional evaluation and new therapeutical approach.” Eur J Paediatr Dent 13.2 (2012): 101-6.
Šidlauskienė, Monika, et al. “Relationships between malocclusion, body posture, and nasopharyngeal pathology in pre-orthodontic children.” Medical Science Monitor: International medical journal of experimental and clinical research 21 (2015): 1765.
Alghadir, Ahmad H., Hamayun Zafar, and Zaheen A. Iqbal. “Effect of tongue position on postural stability during quiet standing in healthy young males.” Somatosensory & Motor Research 32.3 (2015): 183-186.
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