Mais d’où vient donc cette fameuse peur de mourir à l’accouchement ? Alors que le célèbre gynécologue français Michel Odent crie haut et fort que la naissance n’est pas une maladie et qu’elle fait partie des processus biologiques du corps, cette peur est-elle encore légitime à l’heure actuelle ?
La peur de mourir en couche : historique
Voici un historique (très) bref de l’origine de cette peur de la mort à la naissance.
Cette peur prend racine dans la nuit des temps. Enfin pas tout à fait car au départ (dans la mythologie, les siècles avant Jésus-Christ), la naissance était bien considérée comme quelque chose de sacré et était appréhendée de façon positive. La femme était soutenue et aidée par ses pairs. Elle accouchait au temple décoré spécialement pour elle et son bébé à cette occasion.
Les choses se dégradent petit à petit surtout au cours des différentes révolutions et guerres de l’histoire des siècles après J-C. La femme devient alors moins que rien, sans respect, sans aucune considération. Le métier de sage-femme est même interdit par les dictateurs. La femme était vraiment laissée pour compte et devait se débrouiller seule pour donner naissance. Avec les guerres et les famines, elle était déjà, avant la conception, en bien mauvaise santé. Un rhume, une grippe, une mauvaise gastro, et donc un accouchement, lui était vite fatal.
Ensuite, dans les siècles 1800-1900, peu à peu la société refait attention à ces femmes. Et croyant bien faire, elle les envoie donner naissance dans des maternités avec des sages-femmes. Mais la mauvaise hygiène de l’époque ne fait qu’empirer les choses. Beaucoup mouraient dans les 2 premiers jours du postpartum, emportées par la fièvre puérile.
Enfin, au xxe et xxie siècles, la compréhension de la physiologie de la naissance, l’hygiène, la santé ont nettement amélioré les conditions de l’accouchement. Il y a, certes, encore du chemin à faire mais le chemin parcouru au cours des siècles derniers est déjà tellement grand que j’ai beaucoup d’espoir en la possibilité d’évoluer encore vers plus de naissances respectées. Faudrait-il maintenant que les gynécologues y croient et se forment à la naissance physiologique.
La peur d’avoir mal
Quand j’ose évoquer que je souhaite donner naissance chez moi, je passe pour l’héroïne qui n’a pas peur d’accoucher sans péridurale. Et si je vous disais que justement un accouchement dont on respecte la physiologie ne fait pas mal ?
Mais d’où vient cette peur d’avoir mal ?
Aucun des grands philosophes ne parle de douleur d’accouchement. Et s’ils avaient raison ?
Autrefois (comme expliqué ci-dessus) , prises de peur extrême, oui, les femmes accouchaient avec un mal atroce.
Au début des années 1900, la reine Victoria d’Angleterre fut la première à exiger une anesthésie générale pour éviter cette douleur atroce de l’accouchement (on ne peut rien refuser à une reine !). D’une certaine manière, elle ouvrit la voie aux revendications d’améliorer les conditions de la femme. Sur les faits, elle eut entièrement raison. Sur la manière, un peu moins. Mais cela permit au moins d’avancer. Ce qu’elle voulut dire en faisant cela, était qu’il fallait à tout prix améliorer les conditions d’accouchement de la femme.
Et pour cela, maintenant la science l’a compris et prouvé à de nombreuses reprises, plutôt que d’endormir les femmes, il faut surtout respecter la physiologie naturelle de la naissance.
Respecter les anti-douleurs naturels : la physiologie de la naissance
Savez-vous que le corps de la mère est naturellement doté d’endorphines (hormones anti-douleur 200 fois plus puissantes que la morphine, relaxantes et amnésiques) ? Mais en effet, à la moindre peur, au moindre stress, à la moindre intervention médicale, ce taux d’endorphines chutera drastiquement. La mère sécrétera plus d’adrénaline faisant chuter le taux d’endorphines naturelles. Cette adrénaline diminuera également l’apport d’oxygène à l’utérus, au bébé… Difficile de rattraper le coup une fois qu’on est tombé dans la spirale infernale d’un acte médicale et puis deux et puis trois… Les actes médicaux… ça ne fait que renforcer la peur chez la mère.
Que disent les études scientifiques ?
Cette décision d’accoucher à la maison vient bien sûr d’un cheminement personnel mais aussi et surtout d’une meilleure compréhension de la physiologie de la naissance et des études scientifiques que je scrute depuis bien des mois.
Il s’agit d’études qui comparent des femmes en bonne santé et avec un accouchement sans facteur risque au préalable (cela représente 96% des femmes belges).
Les risque de l’injection d’ocytocine
Prenons comme premier exemple celui de l’injection d’ocytocine synthétique administrée aux femmes lorsque soi-disant l’accouchement ralentit. Dans ce cas, deux choses à comprendre. Le ralentissement du travail fait partie de étapes logiques de la naissance. Il aide l’utérus à se reposer et reprendre des forces pour la suite de cette naissance. De plus, ces injections intensifient la douleur de l’enfantement de la femme qui risque donc de demander une péridurale. Et enfin, cette injection d’ocytocine augmente jusqu’à 5 fois (oui, vous lisez bien : jusqu’à 5 fois) le risque d’hémorragie de la délivrance. L’utérus fatigué d’avoir été forcé à se contracter plus fort et plus vite est plus à risque d’atonie et pourra donc moins bien se rétracter pour colmater les petites artères saignant lors de la délivrance du placenta.
Les risques de la péridurale
Tiens, et si on parlait de cette péridurale qui augmente de 40% le taux de risque d’extraction instrumentale du bébé ? Savez-vous que maintenant, la Norvège considère un accouchement sous péridurale comme un accouchement à risque pour la mère et son bébé ?
Dans les prochains mois, je vous invite vivement à découvrir le livre qui sortira probablement fin 2019 : Accouchement: avec ou sans péridurale ? S’informer pour ne rien regretter, orchestré par Laurence Verstraeten et co-écrit par des professionnels comme moi passionnés de naissances respectées (comme Marie-Hélène Lahaye) et d’allaitement. Oui, la péridurale augmente de manière très significative le risque de césarienne. Oui, la péridurale a bien des effets secondaires de longue durée pour la mère et son enfant. Il y a peu, une maman que j’ai accompagnée pour la naissance de son bébé m’a écrit avoir encore mal au dos, là où la péridurale a été posée, 18 mois après la naissance. La péridurale et la césarienne influencent toutes deux le démarrage de l’allaitement. Ces produits narcotiques injectés à la mère ont tout de même une répercussion non négligeable sur l’état d’éveil du bébé pendant et juste après la naissance.
Ce que dit Michel Odent
Michel Odent, gynécologue français, fervent revendicateur de l’accouchement naturel, vous dira que toutes les femmes sont capables de donner naissance sans aide, que l’accouchement est instinctif. Les femmes ont tout ce qu’il faut en elles pour accoucher. Elles n’ont pas besoin d’aide. Elles ont juste besoin d’apprendre des choses sur la naissance et de soutien le jour de l’accouchement.
Et l’OMS
Quant à l’Organisation mondiale de la santé, cet organisme considère un taux de césarienne en dessous de 10% comme bénéfique pour la maman et/ou pour l’enfant. La mortalité maternelle et néonatale diminue. Cependant aucune baisse supplémentaire de la mortalité n’est observée lorsque ce taux dépasse les 10%. Alors que les femmes à faible risque (c.-à-d. l’énorme majorité des femmes) qui accouchent chez elles ou en centre de naissance ont un taux qui avoisine les 3-4% ! Pourquoi la différence est-elle si grande ?
A Houston
À Houston, je fus stupéfaite de lire que mon risque de césarienne passerait de 30% environ à moins de 5% si je donnais naissance chez moi ou au centre de naissance Kathy Birth. Encore pire, ici dû à la mauvaise santé des gens ici, en effet le taux de mortalité/morbidité à la naissance augmente sérieusement (faut-il rappeler que beaucoup d’Américains n’ont pas d’assurance santé et ne peuvent donc se soigner et que la malbouffe fait des dégâts désastreux).
En Angleterre
En Angleterre, le NICE (National Institute for Health and Care Excellence) encourage les femmes à bas risque à donner naissance chez elles car elles y risquent beaucoup moins d’interventions qu’à l’hôpital.
Une dernière étude pour la route
Je terminerai tout de même avec cette dernière vaste étude menée aux USA entre 2000 et 2009, sur 17 000 femmes ayant donné naissance chez elles. Cette étude conclut qu’accoucher chez soi n’est en aucun cas plus dangereux qu’un accouchement à la maternité.
Conclusion
Je ne veux pas faire de cet article un débat. Ni militer pour la naissance à la maison. Et je ne juge pas ces femmes qui demandent la péridurale.
Cette article est le résultat de mon cheminement personnel et professionnel.
« Mon rêve est que toutes les femmes, partout dans le monde, aient la joie de donner naissance en toute sécurité, de façon confortable et satisfaisante autant pour elles que pour leur bébé. » Marie F. Mongan
Je pense que le plus important est de continuer à vous informer et à lire des études scientifiques. Faites votre chemin. Restez attentives à ce que la science continuera à nous apprendre. Que vous donniez naissance à la maternité, en centre de naissance, avec ou sans péridurale, l’important est que chaque fois vous vous sentiez respectée, écoutée et surtout soutenue. L’important est que chaque femme reprenne son propre pouvoir de donner naissance. Si vous voulez vous préparer à l’allaitemen
Alors accoucher à la maison, est-ce vraiment inconscient ? Je vous laisse à votre propre réflexion.
Pour aller plus loin sur la physiologie de la naissance et de l’allaitement
Références scientifiques
- Evolution des taux de césarienne: https://www.cesarine.org/avant/etat_des_lieux.php
- Marie-Hélène Lahaye, Accouchement, les femmes méritent mieux, 2018, p. 133.
- Marie F. Mongan, HypnoNaissance, la méthode Mongan, chap. 5, « De la célébration à la peur : histoire des femmes et de l’accouchement ».
- NICE, « Intrapartum car for healthy women and babies », Clinical guideline, décembre 2014 avec une mise à jour en 2017.
- Recommandations du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (Belgique), 96% des accouchements sont des accouchements simples, kce.fgov.be, 2010.
ELISE GEHANT :
Bonjour,
Oui ça doit être chouette de donner naissance à la maison. Je me dit que ça pourrait être chouette que l’hôpital soit plus attentive au projet de naissance pour que la femme ne soit pas infantilisée mais actrice. Malgré tout, si je faisais un troisième…et il n y en aura pas, je choisirais encore l hopital… le deuxième hopital ou j ai accouché est pourtant plus grand mais a le taux d episio le plus bas. Ils ont été au top pour mon deuxième, atteint d une cardiopathie congénitale. J ai eu le droit enfin à un accouchement par voie basse…oui, car le premier avait deux fois le cordon enroulé….en tentant d accoucher à la maison, je ne suis pas sur que mon loulou serait là…jusqu’à 9cm et demi…puis, plus rien. La réponse à cette stagnation à été découvert en césarienne. Franchement, je ne suis pas sur que toutes les femmes soient en capacité de mettre au monde un enfant chez elle. Ce qui m a traumatisée, c est d etre séparé pendant 4 heures de mon bébé et de mon mari…4 heures car j ai fait une hémorragie pendant la césarienne et aussi, parce que les papas n etait pas admis en césarienne (ça c est vraiment nul! Choquant!) Et en plus, la salle de reveil était blindé et ils ne pouvaient ou ne voulaient pas (des infirmiers hommes fatigué et blazé) permettre que le papa soit la avec bébé. Pourtant, au niveau confort et angoisse…le papa aurait ete indispensable. Et la rencontre avec le bébé ce fait à 3. Mon bébé, j ai pu pourtant le prendre vers mois le temps qu’ils me recousent mais l hemorragie faisait que je tombait dans les pomme. Je n ai pas pu profiter comme il se doit. Oui la césarienne peut-être traumatique mais elle etait indispensable là! Heureusement, mon mari a fait du peau à peau. J ai eu très peur qu’il le nourrisse au biberons. Vraiment, pendant les 4 heures…je pensais que l allaitement était fouttu…et ben non…mon bonhomme m a attendu…2 ans et demi d allaitement qui a pris fin après un mois de coallaitement avec le deuxième. Voilà! Je rêve juste d une maternité où papa reste dormir avec maman pour la secondé en cas de fatigue…certaine le font…on y vient. Mais voyez vous, bien informé par l allaitement…on peut allaité malgré certaine situation difficile! Mon allié était le livre “l art de l allaitement”, ma confiance en mon corp (enfin que pour l allaitement) et une association. Ne disont pas que la césarienne compromet l allaitement!
Isabelle Cote :
Merci beaucoup pour ce magnifique témoignage!